Les personnalités importantes

Annemasse ne serait pas ce qu'elle est actuellement sans les hommes et femmes présentés sur cette page. Ils ont contribués à construire, aider au développement de la ville ou à protéger les populations.

Les anciens Maires d'Annemasse depuis 1860

Docteur en médecine, Chevalier de la Légion d'Honneur
Né à Cruseilles le 12 octobre 1800, Claude-Philippe DUSONCHET s'installe dès 1825 à Annemasse pour exercer ses fonctions de médecin, qu'il exerça « sans distinction auprès des pauvres et des riches ».
Il entre au conseil communal en 1832 et est nommé syndic en 1833. Mais, en 1834, le Roi de Piémont-Sardaigne Charles-Albert (1831-1847) le destitue pour n'avoir pas abattu l'Arbre de la Liberté que des insurgés, partisans du républicain Mazzini, avaient dressé. Il revient au conseil communal en 1850 et redevient syndic en 1854. Par le Traité du 24 mars 1860, le Roi Victor-Emmanuel (1849-1878) cède la Savoie et le Comté de Nice à l'Empereur Napoléon III (1852-1870). Sans perdre de temps, le conseil municipal désigne Claude-Philippe Dusonchet, déjà syndic, maire d'Annemasse. Il garde ce mandat jusqu'en 1871, puis celui de simple conseiller municipal jusqu'en 1874.
On doit à son initiative l'amorce d'une Compagnie de Sapeurs-pompiers suite à un incendie survenu en 1823, qui aurait pu anéantir l'ensemble de la ville. Il procède à la construction d'une école de filles (1865) et de l'actuelle église St André (1867-1869), tout en assurant l'entretien régulier des bâtiments communaux et des chemins vicinaux. Il procède à l'élargissement de quelques routes principales avec installation de réverbères. Il défend et instaure, d'abord pour les filles en 1869, puis l'année suivante pour les garçons, la gratuité de l'école aux enfants d'Annemasse. Précurseur avant l'heure, le préfet Paul Antoine Laire, favorable à sa décoration à la Légion d'Honneur, le définit en 1870, comme « un homme sincèrement attaché au gouvernement, d'un caractère ferme, droit et indépendant, aimant le progrès par l'ordre ».
C'est dans sa propriété, rue de Genève, aujourd'hui Centre d'Art contemporain « La Villa du Parc », qu'il meurt le 9 juillet 1884, à l'âge de 84 ans.

Négociant tanneur, Capitaine des Sapeurs-Pompiers de 1858 à 1871.
Quatrième enfant d'une famille protestante, Marc Couriard est né le 31 octobre 1831 à Annemasse.
Il débute sa carrière politique comme conseiller municipal en 1854, puis adjoint au maire Dusonchet en 1866. Elu maire en 1871, il garde cette fonction jusqu'en 1882, exceptées les années 1874 à 1876 et reste conseiller municipal jusqu'à sa mort, le 25 avril 1883. Il est alors âgé de 52 ans.
L'adoption du plan d'urbanisme de 1872, qui détermine de manière définitive l'alignement des constructions sur les places, routes et chemins marque le début de sont mandat. Mais son rôle principal va résider dans l'avènement du chemin de fer à Annemasse avec la construction de la gare, inaugurée en 1880 et l'aménagement des rue et avenue de la gare. Marc Couriard s'emploie à conforter les services du télégraphe avec le raccordement entre la France et Genève (1872), celui du service postal à cheval entre Annemasse et St Julien (1873), le rétablissement de la gendarmerie à Annemasse (1878) ou encore le service des gardes champêtres (1881). On lui doit aussi la création d'une école enfantine (1879), d'une caisse des écoles et la laïcisation des écoles communales (1881). En 1876, le préfet le qualifie « d'administrateur dévoué aux intérêts de la commune et apprécié par ses concitoyens ».

Entre 1874 et 1876, l'assemblée municipale élue par les annemassiens, est présidée par un homme qui n'en fait pas parti en vertu de la loi du 20 janvier 1874. Jean-François Desjacques, né à Cruseilles le 20 janvier 1816, conservateur, partisan de l'Ordre moral, se retrouve ainsi, en février 1874, nommé maire d'Annemasse, par décret présidentiel.
Durant ses deux années de mandat, il projette le rétablissement des foires d'Annemasse. Mais, il se heurte, malgré son expérience de conseiller d'arrondissement (1861-1871), à l'hostilité du conseil municipal et d'une majeure partie de la population. Ses intentions sont dénaturées par l'esprit de parti, paralysant son autorité, notamment pour régler, avec les communes d'Ambilly et d'Etrembières, l'emblématique question des dépenses de la paroisse et particulièrement celles liées à la construction de la nouvelle église St André.
Il démissionne en mars 1876 sans attendre que la loi municipale projetée lui en fasse une obligation. Il meurt à Annemasse le 14 juin 1886 à l'âge de 70 ans.

Né à Annemasse dont son père, un notaire, est le syndic, Alexandre Perréard revient s'y fixer à l'âge de 21 ans avec un diplôme de droit et des idées libérales gagnées à Paris. En 1866, il reprend l'étude paternelle. Elu adjoint au maire d'Annemasse en 1870, il entre aussi à l'assemblée départementale où il gagne tout de suite et pour ses trois mandats, les fonctions de secrétaire de bureau.
Un préfet le définit comme un notable d'une vive intelligence et d'une grande influence, très soucieux du développement industriel et commercial du chef-lieu d'Annemasse.
 Il se trouve en mesure de réaliser certains de ces projets puisqu'il devient maire de 1883 à 1900. De son édile datent la gare, l'école supérieure (aujourd'hui le collège Michel Servet) et il terminera la construction de la mairie. Il sera aussi conseiller général de la Haute-Savoie de 1871 à 1889
En 1888, le Président Sadi Carnot, de passage à Annecy, remet la Légion d'Honneur à Alexandre Perréard qui, l'année suivante, quitte le conseil général et, en 1900, tout aussi volontairement, la mairie.

Cet entrepreneur de travaux publics, d'origine française, est né le 1 décembre 1848 à Ham-sur-Heure, dans la province de Hainaut en Belgique. C'est en participant aux travaux de construction du chemin de fer d'Annecy à Thonon, qu'il s'installe à Annemasse vers 1875. Officier d'Académie, il est également libre-penseur et membre de la loge maçonnique de St Jean Fidélité et Prudence à l'Orient» de Genève.
Il entre au conseil municipal d'Annemasse en 1896. Il devient maire en 1900, au troisième tour de vote et après le départ de six conseillers municipaux! Malgré cette élection hésitante, il s'attache à poursuivre les travaux de voirie entrepris par son prédécesseur, Alexandre Perréard. L'éclairage public s'étoffe au point d'éclairer toute la nuit la rue principale d'Annemasse. L'extension des collecteurs d'égouts enraye les écoulements de purins et eaux sales provenant des cours et amène la commune à rédiger en 1904 un règlement local de salubrité auquel doivent se conformer tous les habitants. Durant son mandat débutent également les projets de construction de l'école primaire supérieure (l'actuel collège Michel Servet) et des abattoirs. En exécution de la loi du 9 décembre 1905 relative à la Séparation des Églises et de l'État, il procède en janvier 1906, avec le receveur des Domaines, Glairon-Mondet, à l'inventaire des biens dépendants de la Fabrique de l'église paroissiale et de la Mense curiale d'Annemasse. Une affaire longue et délicate, puisque les biens séquestrés ne seront remis au Bureau de Bienfaisance qu'en 1913.
Alfred Bastin connait une fin tragique. La date et les circonstances de sa mort sont connues et ont été largement relatées dans la presse : le 10 avril 1906, dans le train P.L.M., à proximité d'Orange, il est abattu de deux coups de feu par un dément, alors qu'il venait au secours d'un passager menacé. Il avait 58 ans.

Joseph Cursat naît le 3 septembre 1856 et meurt le 20 mai 1920 à Annemasse.
Fils d'un huissier de justice, tout le destine à une carrière juridique, qu'il débute en 1878 comme clerc de notaire. En 1880, son père, André Cursat prend un négoce de vin, auquel il s'associe, faisant ainsi du commerce sa nouvelle activité. Joseph Cursat s'implique ensuite dans la vie locale d'Annemasse. Il entre au conseil municipal en 1892, fonde la société de Tir des chasseurs de St Hubert en 1894 et assure un mandat de conseiller d'arrondissement de 1898 à 1904.
En 1906, l'année où il est élu maire, est lancé le projet d'adduction d'eau, qui prévoit le captage et la conduite des eaux dites des Voirons. Sont alors achetés les sources à Lucinges et les territoires de passage des canalisations, jusqu'à Annemasse. Le service des eaux est inauguré en 1908. Suivi du service de la voirie municipale, chargé du balayage et de l'enlèvement des ordures ménagères des vingt-neuf rues, avenues et places publiques d'Annemasse, nouvellement dénommées en 1907. Par ailleurs, se terminent la construction des abattoirs (1910) et l'agrandissement du cimetière (1911).
Le projet d'un nouvel hôtel des Postes est engagé en 1910. Le choix de son emplacement suscite parmi les conseillers, polémiques et démissions, dont celle du maire en août 1911 ; démission qu'il retire sur les instances de Fernand David, député et conseiller municipal.
Cette crise municipale désolidarise cependant les membres du conseil et met fin à la carrière politique de Joseph Cursat, qui ne se représente pas aux élections municipales de 1912.
Républicain convaincu, officier de l'Instruction publique, il accorde grand intérêt à l'éclat des cérémonies officielles, tels l'inauguration du monument « Michel Servet » (1908) ou l'accueil à Annemasse du Président de la République Armand Fallières, en visite pour le cinquantenaire de l'Annexion de la Savoie à la France (1910).

Surnommé "le médecin des pauvres", Charles Favre naît le 7 avril 1859 à Versoix en Suisse et meurt le 27 décembre 1921 à Annemasse, où il est installé depuis 1886.
Il entre au conseil municipal en 1896, est adjoint du maire Alfred Bastin de 1900 à 1904 et démissionne en 1906, au décès brutal de ce dernier. Sa candidature aux élections municipales de 1912 lui apporte le siège de maire, qu'il doit garder, sitôt la guerre déclarée en août 1914 « pour la durée du conflit ». Les élections municipales de 1916 sont en effet ajournées et ne seront organisées ensuite, qu'en 1919.
Devant suspendre, dès le début des hostilités tous les projets, le conseil municipal se contente d'achever la construction de la Poste (1912-1915). L'éventualité d'une occupation militaire de la zone neutralisée par la Suisse, pousse Ch. Favre à organiser une garde civile armée pour le maintien de la sécurité de la ville. Les peurs n'étant pas confirmées, ce service est dissout en novembre 1914. Face aux difficultés de la guerre, il ouvre un Bureau du Travail, chargé dans un premier temps de trouver la main d'œuvre pour rentrer les récoltes, puis de délivrer des permis de travail aux rapatriés. Il crée également avec le curé Grillet et le pasteur Lauga, un Comité de Secours aux réfugiés et rapatriés des zones envahies du nord de la France. Lorsque ceux-ci vont directement à Evian à partir de 1917, ce comité, qui a reçu jusque-là 118 265 personnes pour 972 convois, poursuit son aide auprès des démunis issus des faits de guerre. Annemasse connaît durant cette période une hausse de 20% de sa population, passant de 3300 habitants environ à plus de 4000 . Charles Favre n'en oublie pas moins les 72 Annemassiens, morts pour la France, auxquels sont rendus en mairie tous les honneurs en attendant un monument digne de ce nom.

Médecin major dans l'armée coloniale, Aimé Coquand a plus de trente années de service militaire lorsqu'il s'installe en 1910 à Annemasse. Né le 19 juin 1854 à La Terrasse en Isère, il effectue ses études à Grenoble puis acquiert à Paris, ses titres de docteur en médecine et licencié en droit. Il reçoit la Légion d'Honneur, croix de Chevalier en 1895 et rosette d'Officier en 1927, pour ses « grandes qualités d'administrateur, de travailleur honnête et son attachement à la République ».
La guerre 14-18 terminée, il brigue avec un groupe d'anciens combattants, les fonctions municipales. Élu maire en 1919, il conserve cette fonction jusqu'en 1929. Son état de santé lui donnant de sérieuses inquiétudes, il se retire des affaires publiques à l'issue de son second mandat. Il meurt subitement à Annemasse le 31 mai 1931, à l'âge de 77 ans.
Ayant conservé de sa vie militaire l'exactitude et la rigueur, il organise dès 1920, les services communaux et nomme un secrétaire général, Henri Maget, chargé d'unifier la direction et la cohésion du travail à exécuter. Choisie en 1920 pour son caractère pittoresque, la commune d'Annemasse doit établir " un plan d'extension et d'aménagement ", qui servira ensuite de ligne directrice au développement urbain de la ville. Attentif à cette réalisation, effective qu'en 1924, A.Coquand entreprend divers travaux de voirie et d'extension de réseaux, mais aussi la construction du second cimetière (1922). Comme toutes les communes de France, Annemasse pense à ériger un monument à la mémoire de ses enfants Morts pour la France . Un premier projet est abandonné en 1921. En 1923, le choix définitif porte sur l'œuvre du statutaire Raoul Josset représentant "l'Immortalité couronnant le Poilu d'une guirlande de Lauriers". Le monument, inauguré le 27 juin 1926 est aménagé d'un jardin en 1928.

Il n'aura pas attendu pour avoir son nom inscrit dans le paysage annemassien ! Dès l'annonce du décès du maire Claudius Montessuit le 2 juillet 1963 , le conseil municipal réunit en séance extraordinaire décide de nommer le jardin public « Parc Claudius Montessuit ».
Né à St Pierre de Rumilly le 7 mars 1887, Cl. Montessuit, instituteur, devient après 1920 entrepreneur et s'installe à Annemasse en 1924, où son entreprise de travaux publics devient l'une des plus importante du département. Homme d'action, aimant la nature, le sport, il s'investit dans le monde associatif et ses qualités de « bon sens, de clairvoyance, d'énergie et de volonté de réalisation » lui valent plusieurs distinctions honorifiques: Croix de Guerre, Légion d'honneur, Palmes académiques, Mérite social, Mérite civil, Médaille d'honneur communale et départementale.
Sa carrière politique commence en 1929 et sera longue. Élu maire cette année là, il le demeure jusqu'en 1953, excepté la période 1940-1947 durant laquelle, révoqué par le Gouvernement de Vichy, il se réfugie en 1943 à Genève. De 1953 à 1959, il cède le fauteuil de maire à Léon Guersillon, restant simple conseiller municipal, chargé des questions de construction et d'urbanisme, mais repart en 1959 à la tête de la mairie. Durant ses vingt-sept ans de fonctions électives, il instaure une politique de construction publique importante, voulant faire du gros bourg d'Annemasse , mi rural, mi urbain qu'il avait trouvé à son arrivée, une ville moderne, dynamique et accueillante aux industriels comme aux touristes. On lui doit les écoles du Centre, des Hutins, Jean Mermoz et bien d'autres réalisations, longues à énumérer. Elles s'inscrivent dans les rues et bâtiments communaux, suivent l'extension d'Annemasse, que l'on trouve avec force détails, dans l'ouvrage « Histoire d'Annemasse » de Guy Gavard.
Claudius Montessuit a marqué de sa personnalité tous ses mandats, y compris ceux du Conseil Général (1934-1940, 1951-1958).

Il y a près de 70 ans, l'Allemagne parvenait à occuper la France en un mois, entre mai et juin 1940, et à imposer un armistice, duquel naît le Régime de Vichy. Présidé par Philippe Pétain, Maréchal de France, l'État français met alors en place diverses mesures, dont la loi municipale du 16 novembre 1940, relative à la réorganisation des corps municipaux.
Ce contexte de « redressement » mais où tout doit être fait pour maintenir « une union aussi large que possible des français » amène le Préfet Dauliac à dissoudre le conseil municipal d'Annemasse le 30 décembre 1940. Le même jour, Marcel Collardey, né le 1er mars 1895 à Nancy, fabricant de meubles installé à Annemasse depuis 1925, est nommé Président d'une délégation spéciale composée de trois autres personnes. Tous sont d'anciens combattants de 1914-1918 et comme la majorité des Français, sont confiants et « dévoués à la politique du gouvernement du Maréchal ».
Bien que sa désignation ait soulevée des critiques, Marcel Collardey, « ne démérite pas » aux yeux du préfet, qui le nomme le 28 mars 1941 Maire d'Annemasse. La situation ne permet pas d'importantes réalisations urbaines. M. Collardey gère les affaires courantes de la commune, collabore avec La Légion française des Combattants au développement des œuvres d'assistance aux prisonniers. Il participe à l'accueil en colonies de vacances des enfants des régions soumises aux bombardements et améliore les conditions de ravitaillement et d'alimentation de la population locale. On lui doit notamment l'aménagement , en différents points d'Annemasse, de plus de 140 jardins ouvriers. Les difficultés liées à l'Occupation vont en s'aggravant. Comme d'autres pétainistes, Marcel Collardey est menacé. Il démissionne en novembre 1943, se réfugie à Paris et revient à Annemasse, fin 1944. Il meurt à Annemasse le 19 décembre 1952 à l'âge de 57 ans.

Né le 31 mai 1896 à Verchaix, Jean Deffaugt est commerçant en tissus. Il réside en Lorraine, puis s'installe à Annemasse en 1935. Par son dynamisme, il contribue à la renommée du commerce annemassien. Lorsqu'en 1940 des réfugiés arrivent de l'Est, J. Deffaugt s'occupe spontanément d'eux.
Il fonde un centre d'accueil , qui recevra près de 12000 français venus de la zone occupée. Cette action bénévole lui vaut d'être choisi dans la Délégation spéciale instaurée par le Régime de Vichy. Avec d'autres anciens combattants, il accepte "par devoir" cette lourde tâche d'administration. Adjoint au maire Collardey, il le remplace lors de sa fuite et devient maire en décembre 1943. Le Comité national de Libération, reconnait ses services et le maintient dans sa fonction en août 1944. J. Deffaugt se retrouve donc être le maire d'Annemasse sous l'Occupation allemande et la Libération. Entre septembre 1943 et août 1944, Annemasse est dotée d'une des pires prisons de Haute-Savoie, la prison du Pax . Près de 1500 personnes vont être internées puis relâchées ou transférées à Annecy, Lyon, Drancy puis les camps de la mort. Aux premières arrestations perpétrées par la police allemande, J. Deffaugt obtient l'accord d'apporter chaque jour des repas aux détenus. Il brave le danger pour les réconforter et plus encore, demande la libération de tous les jeunes enfants, israélites pour la plupart. Résistant à sa manière, le Réseau Gilbert l'utilise selon les besoins : cachet de la mairie, renseignement, contact avec les prisonniers du Pax. Après la Libération du 18 août 1944, le contexte demeure tendu. Annemasse est le siège d'une cour martiale en septembre 1944 où sont condamnés à mort 30 miliciens. Les qualités de " courage et clairvoyance" de J. Deffaugt lui valent plusieurs médailles: Légion d'Honneur, Médaille Militaire, Médaille de la Résistance, Mérite social, Mérite commercial. J.Deffaugt se distingue entre tous, par la médaille des "Justes d'Israël" , distinction rare, décernée à ceux qui ont risqué leur vie pour aider des Juifs.
Réélu maire en 1945, il reste conseiller municipal de 1947 à 1959 puis de 1965 à sa mort, le 1er juillet 1970. Il est âgé de 75 ans.

Léon Guersillon naît le 10 avril 1898 à Le Cateau dans le Nord. Contraint de quitter cette région durant la première guerre mondiale, ancien combattant 14-18, il s'installe à Annemasse à la fin des années 1920. D'abord comptable, il se charge ensuite comme directeur commercial et industriel, de lancer et développer l'entreprise d'horlogerie Huma Watch. De nouveau mobilisé en 1939, il entre en 1941 dans la Résistance et contribue à faire passer la frontière suisse à bon nombre de personnes. Son dévouement lui vaut par la suite de recevoir la Médaille de la France libérée, celle des déportés et internés, la croix de la Libération et les Palmes académiques.
« Son sens du civisme et sa volonté de servir » lui ouvrent l'accès au conseil municipal, où il siège dès août 1944 comme conseiller jusqu'en 1953, date à laquelle il est élu maire d'Annemasse. Durant son mandat est voté un programme général d'aménagement et d'urbanisme de la ville d'Annemasse « le plan Palanchon » (1955) où sont établis quartier par quartier les voies à élargir, à créer, les emplacements de nouveaux édifices publics, les parcs, squares et points de verdure, les quartiers résidentiels, industriels et mixtes. Léon Guersillon entreprend la construction de l 'école maternelle du centre et permet celles des premiers ensembles d'habitations à loyer modéré (H.L.M.) de Sous-Cassan et Château-Rouge. On lui doit également les agrandissements de l'hôpital, du collège (deux étages supplémentaires), de la mairie le long des rues de la Gare et du Commerce. Il favorise les souscriptions pour réédifier à Annemasse la statue de Michel Servet, démontée et fondue durant la guerre. D'un esprit sportif, il est préside l'US d'Annemasse de 1942 à 1952. Il quitte la mairie à la fin de son mandat en 1959 et meurt le 9 mars 1995 à Ambilly, à l'âge de 97 ans.

Henri Jeantet naît le 9 septembre 1913 à Genève, ville dans laquelle il vit ses premières années et poursuit des études d'ingénieur. Il exploite à partir des années 1930 l'entreprise paternelle de mécanique,installée rue de Genève, qu'il convertit vers 1957 en fabrique d'appareil de mesure et thermomètres. Il entre dès 1953 dans la vie communale, d'abord comme conseiller municipal puis à partir de1959, comme premier adjoint du maire Claudius Montessuit. Henri Jeantet devient maire d'Annemasse en 1963, à la mort de ce dernier. Il est également candidat aux élections cantonales de1966, puis brigue de nouveau la mairie en 1971 et 1977, mais sans être élu. Ce qui met ainsi fin à sa carrière politique. On doit à son initiative les réalisations de la MJC centre, du boulodrome, du foyer-logement des personnes âgées « La Bioussaie » à Ambilly, l'équipement du stade comprenant deux terrains (football et rugby)... Il parvient après maintes délibérations et négociations à acquérir la villa Fantasia touten entamant les premières démarches d'aménagement du Perrier. Avec son équipe, convaincu que des rapports de bon voisinage entre la France et l'Allemagne sont le fondement indispensable au développement d'une Europe unie, il signe en 1970, la charte du Jumelage avec la ville de Gaggenau. Henri Jeantet meurt subitement le 3 février 1983 à l'âge de 70 ans.

Pierre Berthier, ancien maire d'Annemasse de 1971 à 1977, est décédé le samedi 14 août 2010 à l'âge de 86 ans. En guise d'hommage, nous reprenons ci-après les éléments parus à l'initiative de la ville d'Annemasse dans la rubrique Carnet de deuil de l'édition du vendredi 20 août dans le Dauphiné Libéré.
Pierre Berthier avait été élu maire après une campagne électorale musclée contre le maire sortant, Henri Jeantet. Gestionnaire rigoureux, il a mené durant son mandat plusieurs dossiers qui dessinent encore aujourd'hui le visage d'Annemasse. C'est en effet en 1974 que la commune présente un dossier « Ville Moyenne » approuvé par le préfet de région en 1975. Ce dossier pose les bases des 30 années à venir. Ont été proposées quatre actions dont on peut voir aujourd'hui les résultats... et quelques réalisations qui sont encore en cours et attente de finition comme la fin de l'aménagement des trois places. A retenir également au sein de ce dossier « Ville moyenne » l'entame de la réflexion économique sur l'ensemble du territoire « genevois ». A l'heure de la construction d'une grande agglomération franco-valdo-genevoise, on peut mesurer le chemin parcouru. Son mandat a aussi été marqué par l'aménagement de la zone d'habitation concertée du Perrier et de sa voie de contournement, des quartiers sud qui représentent aujourd'hui près d'un tiers de la population annemassienne. Ces années sont aussi celles de la réalisation du bassin extérieur du centre nautique, de la gare routière et de la prévision de locaux pour la bibliothèque, prévus au rez-de-chaussée de l'immeuble en cours de construction.

Robert BORREL

Guy GAVARD

 

Les justes parmi les justes d'Annemasse

Par leurs gestes en faveur des Juifs, les signes qu’ils leur ont envoyés, les mots qu’ils ont dits au risque de leur propre vie, sans recherche d'avantages d'ordre matériels ou autre, le Mémorial Yad Vashem leur a décerné le titre de « Juste des Nations ».

Ernest Balthazard arrive à Annemasse en juin 1940 comme réfugié alsacien. Il est alors âgé de 50 ans et bénéficie dans un premier temps du soutien du Centre d'accueil des réfugiés, dont s'occupe Jean Deffaugt.

Ne pouvant envisager un quelconque retour à Labaroche, son village natal parce que le corps de sa ferme est entièrement sinistré et inhabitable, il s'investit à son tour dans l'accueil de ses compatriotes et tous ceux, français ou étrangers, qui fuient devant l'occupant allemand. Il prend d'ailleurs très vite la gestion et l'organisation générale du Centre. Cette responsabilité l'amène à se rendre trois fois par jour à la prison du Pax pour la distribution des repas, lui permettant quelque réconfort et soutien moral.

Il entre également dans la Résistance sous le nom « Saint-André » et apporte un soutien indispensable aux membres du réseau Garel, lié à l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE), chargé du passage clandestin d'enfants juifs en Suisse. Il avait par exemple, balisé entre le quai de la gare et le Centre d'accueil un parcours réservé aux « colonies de vacances », contournant et évitant ainsi les points de contrôle des Allemands. Ce procédé a permis de sauver plus de 300 enfants.

Ernest Balthazard reçoit le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume, le 26 décembre 2005.

Huguette Ducoing a 20 ans en 1943 lorsqu'arrivent les troupes d'occupation allemandes à Annemasse.

En coopération avec un groupe de prêtres catholiques (Pères Louis Favre, Gilbert Pernoud, Pierre Frontin), enseignants à l'école du Juvénat à Ville-la-Grand, Huguette aide des Juifs à passer clandestinement la frontière. Temporairement cachés chez ses parents, avenue de Genève, elle conduit ensuite les fugitifs jusqu'au Juvénat, où le point de passage se trouvait le long du mur du jardin de l'école. Les patrouilles allemandes passaient toutes les trois minutes devant le bâtiment de l'école. Il fallait donc minuter avec précision les mouvements des personnes pour leur permettre de passer en sécurité.

Huguette Ducoing reçoit le titre de Juste parmi les Nations, le 16 novembre 1989

Prêtre en 1893, il arrive à Annemasse en 1897 comme vicaire et succède au Curé Grillet en 1906.

Durant les 55 années de son sacerdoce, il assure son travail pastoral avec attention et discrétion. Prêtre de grande piété, excellent prédicateur, il rend d'innombrables services, notamment durant la Grande Guerre auprès de la Croix-Rouge et autres oeuvres de solidarité et de bienfaisance. Puis, lors de l'occupation allemande, avec l'aide de ses deux vicaires Victor Paour et Gabriel Fontaine, il cache des enfants et des adultes juifs dans le clocher ou sous les combles de l'église St André, avant que des passeurs les emmènent franchir la frontière suisse.

Eugène Marquet reçoit le titre de Juste parmi les Nations à titre posthume, le 7 septembre 1988

Commerçant en tissus, Jean Deffaugt s'installe à Annemasse en 1935. Par son dynamisme, il contribue à la renommée du commerce annemassien.

Lorsqu'en 1940 des réfugiés arrivent de l'Est, il s'occupe spontanément d'eux. Il fonde un centre d'accueil dans les locaux de l'ancienne gendarmerie, qui recevra près de 12000 français venus de la zone occupée. Cette action bénévole lui vaut d'être choisi dans la Délégation spéciale instituée par le Régime de Vichy, pour administrer la ville. Avec d'autres anciens combattants, il accepte « par devoir » cette lourde tâche d'administration. Adjoint au maire Collardey, il le remplace lors de sa fuite et devient maire en décembre 1943.

Entre septembre 1943 et août 1944, les Allemands occupent la ville. Annemasse est dotée d'une des pires prisons de Haute-Savoie, la prison du Pax. Aux premières arrestations perpétrées par la police allemande, J. Deffaugt obtient l'accord d'apporter chaque jour des repas aux détenus. Il brave le danger pour les réconforter et plus encore, demande la libération de tous les jeunes enfants, juifs pour la plupart. Résistant à sa manière, le Réseau Gilbert l'utilise selon les besoins : cachet de la mairie, renseignement, contact avec les prisonniers du Pax.

Les qualités de « courage et clairvoyance » de Jean Deffaugt lui valent plusieurs médailles: Légion d'Honneur, Médaille Militaire, Médaille de la Résistance, Mérite social, Mérite commercial.
Il reçoit le titre de Juste parmi les Nations le 25 février 1966